Serge Utgé-Royo : Cinq cents hivers

Il faut voir Serge Utgé-Royo... Petites ou grandes salles (TLP, jadis ou Trianon, tout récemment), c’est sur scène qu’il donne le meilleur de lui-même. Véritable artiste, il est doué d’un tel pouvoir de séduction qu’il pourrait convaincre les spectacteurs qui ne partagent pas ses convictions politiques... Enregistré en Belgique, comme ses trois précédents CD, son nouvel album propose seize nouvelles chansons dont il a écrit les textes, la plupart des musiques et les orchestrations étant dues à son musicien complice, le belge Jacques-Yvan Duchesne, qui signe des mélodies subtiles et entêtantes.

Avec Cinq cents hivers, la chanson-titre, Serge Utgé-Royo dénonce le massacre des indiens, « les vrais Américains ». Magnifique chant quasi-religieux, Tristes cités est un puissant réquisitoire contre l’inhumanité de nos villes et de nos vies, en cette fin de XXème siècle. Dans ce tableau, marqué par l’urgence et la conviction d’Amis, dessous la cendre, Serge stigmatise tout à la fois « Cet acharnement à diviser les hommes / Cet écrasement des lents et des rêveurs / Et ces faux espoirs de la fraternité... » (*) 

Atmosphère jazzy avec Etoiles blafardes de mai, qui jette un regard nostalgique et amusé sur Mai 68. Utgé-Royo redevient prophétique avec Il fait soleil sur ma planète, chanson d’espoir, elle aussi empreinte d’une atmosphère religieuse, ou crooner avec Les fleurs qui poussent dans mes yeux, très joli tableau d’enfance.

Musicalement plus varié que ses précédents disques (il y a même un reggae !), ce disque devrait faire accéder Serge Utgé-Royo à une plus large audience.

(*) Le cinéaste Med Hondo, qui avait, il y a un quart de siècle, intégré la chanson de Catherine Le Forestier, Allez voir mes voisins, dans son film Les bicots-nègres, vos voisins, a choisi d’utiliser Tristes cités pour son nouveau film, Un monde sans mal. 

R. B.

• CD Edito Hudin, distribution Scalen UR 4.

• Portrait de Serge Utgé-Royo dans Je chante n° 7. Entretien et discographie dans le n° 12.