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Le blog du magazine JE CHANTE ! Les archives du journal créé en octobre 1990.

La collection « Poètes et Chansons » chez EPM

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Créée en 2002 par Marc Robine et poursuivie par Bernard Ascal et François Dacla, la collection « Poètes et chansons », remet sur le marché de nombreux enregistrements des années 50, 60 et 70 introuvables depuis des lustres. Elle propose aussi de nouvelles anthologies réalisées à partir d’enregistrements contemporains, sous la direction artistique de Serge Bouzouki (studio Baltimore) et avec ses amis musiciens et chanteurs (Cathy Fernandez, Colombe Frézin, Tonio Gémème, Maya...).

 

    Parmi les dernières parutions, signalons un triple CD consacré à Louis Aragon, un magnifique coffret de 66 poèmes mis en musique et chantés. La plupart des enregistrements proviennent du catalogue EPM : Marc Ogeret et son CD Aragon de 1992, avec des musiques de Marc Robine (Enfer-les-Mines, Quatorzième arrondissement, Les larmes se ressemblent), Monique Morelli avec plusieurs de ses albums (le 25 cm « Chansons d’Aragon » publié au Chant du Monde en 1961, orchestrations de Pierre Berlioz; « Aragon. 12 chansons inédites de Leonardi », 30 cm initialement paru chez Canetti en 1965, arrangements de Louis Bessières; « La Messe d’Elsa », enregistré en public en 1981, à Lyon, avec un orchestre symphonique dirigé par Serge Baudo, qui occupait toute une face de 33 tours : 23’30).

    Catherine Sauvage est ici présente avec des extraits de tours de chant donnés au théâtre de la Gaîté-Montparnasse (1961), à l’Alliance Française (1967) et à Bobino (1970), James Ollivier avec des extraits de ses albums (Le figuier, Meinert Hobbéma), Jacques Douai (Mon sombre amour d’orange amère), Georges Brassens (Il n’y a pas d’amour heureux), Jacques Bertin (Les ponts de Cé), Annick Cisaruk (Elsa mon eau vive)... 

    Au niveau créations, les nouveaux interprètes s’en tirent bien. Sobrement accompagnée, la jeune Maya a spécialement enregistré une dizaine de poèmes mis en musique et créés par Hélène Martin dans les années 70 (Pour mes amis morts en mai, Pablo mon ami, Le paresseux, Musée Grévin...), Michel Maestro s’est attaché aux classiques de Ferrat (Les yeux d’Elsa, Les poètes, Le tiers chant, Au bout de mon âge) et à ses dernières adaptations (Épilogue, Complainte de Pablo Neruda)... Tout comme Martine Sarri, qu’on retrouve ici avec des titres comme Dans le silence de la ville, Le malheur d’aimer, Robert le Diable,Aimer à perdre la raison, Je chante pour passer le temps, Heureux celui qui meurt d’aimer, C’est si peu dire que je t’aime...

    Triple CD. Une très belle réalisation (malgré des erreurs de dates dans les « crédits »).

 

    Jacques Prévert : une compilation avec des enregistrements d’Yves Montand, les Frères Jacques, Juliette Gréco, Michèle Arnaud, Germaine Montéro, Mouloudji, Marianne Oswald, Agnès Capri...

 

    Plus rare, un volume consacré à Pierre Seghers pour le centenaire de sa naissance, avec 20 poèmes mis en musique, enregistrés par Hélène Martin (Tzigane, Chanson à tuer le temps), Catherine Sauvage (Adios Amigo, Les beaux enfants), Monique Morelli (Rives défendues, Les amours légendaires), Marc Ogeret (Un nouvel amour, Merde à Vauban, Les beaux amoureux, La belle qui rêvait, L’amour l’amour, Les gisants), Jacques Douai (Cœur joyeux, L’amour sans amour, Comme une flotte désarmée, Laisse-moi vivre, L’amour nous a quittés, Des filles il en pleut), Roger Lahaye (La lande, Piranèse).

    Enregistrements originaux (années 50 à 70). Préface de Bernard Ascal.

 

    Charles Cros, qui passe pour l’inventeur du phonographe (mais il fut pris de vitesse par l’Américain Thomas Edison qui, lui, en déposa le brevet), était aussi un poète. Ses œuvres complètes, éditées dans les années 1880, furent rassemblées et complétées dans la Bibliothèque de la Pléiade en 1970. Charles Cros a donné son nom à une Académie qui distingue et récompense chaque année depuis 1947 la production discographique. 

    Du Charles Cros poète, on connaît surtout Sidonie, mis en musique par Jean-Max Rivière et Yani Spanos et chanté par Brigitte Bardot en 1962 dans le film Vie privée de Louis Malle.

    On retrouve Sidonie, ici interprété par Michel Vivoux, et 19 autres poèmes mis en musique. Parmi les interprètes : Damia (L’orgue), Julos Beaucarne (Moi je vis la vie à côté), Jacques Douai (Belle, belle, belle) et, dans les nouveaux venus, Colombe Frézin (Le hareng saur, Tsigane), Cathy Fernandez (Coin de tableau), Chris Papin (Chanson des peintres), Philippe Balloy (Matin, Resipiscence), Serge Bouzouki (Plainte), Jean-Luc Debattice (Le propriétaire, En cour d’assises)...

    Livret signé Bernard Ascal avec tous les textes et biographies des interprètes.

    • Lien avec la page Charles Cros de Wikipédia.

 

    De Jean Richepin (1849-1926), on connaît les poèmes mis en musique par Georges Brassens dans les années 50 (Philistins et Les oiseaux de passage et deux ou trois chansons enregistrées par Édith Piaf (Les deux ménétriers, 1936) ou Lucienne Delyle (Mon cœur est un violon, 1954).

    Richepin connaît la célébrité à l’âge de 27 ans, lorsqu’il publie La Chanson des gueux, son premier de ses dix recueils de poèmes. « Dans une langue truculente exploitant sa grande connaissance de l’argot et des formes du folklore, il donne la parole aux opprimés, aux marginaux, aux enfants vagabonds. Il s’y exprime une révolte profonde et un refus violent des conventions sociales », écrit Bernard Ascal.

    Les poèmes de Jean Richepin ont été mis en musique et enregistrés notamment par Jean-Michel Piton (CD « De l’hiver à l’hiver », en 1991). D’autres l’ont fait ponctuellement, comme Béatrice Arnac (Chanson de la glu), Marc Robine ou Rémo Gary (Les oiseaux de passage).

    Sur ce disque, c’est Tonio Gémène qui s’y colle, en mettant en musique 22 poèmes de Jean Richepin qu’il interprète de sa belle voix voilée. Ainsi que Calise, Colombe Frézin, Pépina Manca et Serge Bouzouki.

 

    Tristan Corbière (1845-1875) est connu par les disques que lui consacra Monique Morelli en 1975 (album SFPP) et 1991 (CD EPM). On retrouve ici la plupart de ces poèmes mis en musique par Lino Leonardi. Plus récemment, Pascal Héni a mis en musique (parfois en collaboration avec Stéphane Leach) une quinzaine de textes de Corbière (CD « Casino des Trépassés », 1997) dont l’essentiel est réédité ici.

    Pour l’anecdote, Pascal Héni est devenu le fameux « Pascal of Bollywood », énorme vedette du cinéma musical indien !

    • Une interview de Pascal Héni.

 

    Plusieurs poèmes de Guillaume Apollinaire (1880-1918) sont passés à la postérité grâce aux chansons de Léo Ferré (Le Pont Mirabeau, Marizibil) et d’Yves Montand (Saltimbanques, musique de Louis Bessières). Sur ce recueil de 20 titres, on retrouve ces enregistrements ainsi que d’autres interprétés par Léo Ferré (L’adieu, Automne malade, Les cloches et la tzigane, La porte) et Julos Beaucarne (Vous y dansiez petite fille). Les autres titres ont été enregistrés spécialement pour ce disque par Urbain (Annie), François Rascal (Hôtels), Bernard Ascal (Crépuscule), Élise Dabrowski (Nuit rhénane), Patrick Hamel (Rosemonde), Marc Robine (Les sapins).

 

    Mignonne, allons voir si la rose que Lully mit en musique est un poème de Pierre de Ronsard (1524-1585). Mouloudji l’enregistre en 1960, puis James Ollivier, la chanson est reprise ici par Denis Gasser et Yvon Guilcher. Quand vous serez bien vieille, et sa célèbre « chute » (« Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie »), ici par Kirjuhel et par James Ollivier, fait aussi partie des classiques du « prince des poètes », tout comme Quand au temple nous serons, connu aussi sous le titre Stances à Cassandre (musique de Lully également), enregistré par Guy Béart, Philippe Clay, Léo Ferré et repris ici par Pierre Perret. En 1978, Monique Morelli consacre à Ronsard tout un album (musiques de Leonardi), partiellement repris ici.

    Les autres interprètes de cette anthologie sont la jeune Maya à la très jolie voix, Colombe Frézin et Serge Bouzouki.

 

    À Alfred de Musset (1810-1857), Jean-Louis Caillat en 1986 et Serge Kerval en 1990 consacrèrent, chacun, un album. Dans les années 50, Stéphane Golmann mit en musiqueChanson de Barberine, poème connu aussi sous le titre Beau chevalier, ici interprété par Barbara d’Alcantara et Julos Beaucarne. En 1959, Serge Gainsbourg jeta son dévolu La nuit d’octobre (ici par Colombe Frézin et Chris Papin). En 1979, Brassens mis en musique et enregistra À mon frère revenant d’Italie et Ballade à la lune, tous deux repris ici par Michel Vivoux.

    Les autres titres proviennent du 30 cm de Jean-Louis Caillat  (Nina, Mimi Pinson) ou ont été enregistrés spécialement pour cette anthologie par Cathy Fernandez (À la même), Colombe Frézin (Venise), Michel Maestro (Chanson de Fortunio), Serge Bouzouki (À George Sand), Chris Papin (Impromptu), Maya (Conseils à une parisienne) et Claude Vence (Tristesse).

 

    On doit à Claude Vence les musiques de plusieurs chansons enregistrées par Jean-Roger Caussimon dans les années 70 (À toi ma fille, La chanson de l’homme heureux, Le temps d’amour, Le Havre) et de plusieurs textes inédits de Boris Vian, notamment À tous les enfants, chanson qui s’en prend violemment aux fauteurs de guerres et à ceux qui en profitent, créée en 1983 par Catherine Sauvage et reprise par... Joan Baez (et récemment par Francesca Solleville et par Annick Cisaruk).

    En 2004, Claude Vence, qui a débuté une carrière d’auteur-compositeur-interprète quarante ans plus tôt chez Bel Air, met en musique et enregistre les 23 poèmes qui constituent le recueil posthume de Boris Vian Je voudrais pas crever, paru en 1962. Certains poèmes sont très courts (J’ai acheté du pain dur, Un homme tout nu marchait,Tout a été dit cent fois...). D’autres ont été déjà connus, parfois avec d’autres musiques, par les versions de Serge Reggiani (Je voudrais pas crever, Quand j’aurai du vent dans mon crâne, La vie c’est comme une dent), de Mouloudji (Je mourrai d’un cancer de la colonne vertébrale) ou de Magali Noël sur son album « Regards sur Vian » paru en 1990 (Pourquoi je vis, Elle serait là, si lourde)...

    Avec plusieurs inédits (Pourquoi je vis, Y’a du soleil dans ma rue, Ils cassent le monde,Un de plus, Si les poètes étaient moins bêtes, Un jour), l’album de Claude Vence, sur des arrangements de Gaël Ascal, est un disque indispensable aux amateurs de Boris Vian.

    Présentation de Claude Vence par Georges Unglik sur le livret.

 

    Dans la même collection, un volume consacré à Charles Baudelaire (1821-1867), avec 24 poèmes tirés des Fleurs du Mal mis en musique et chantés par Georges Chelon. Il s’agit en fait d’une compilation composée à partir des deux doubles CD consacrés à Baudelaire par Chelon en 2004 et 2006.

 

Autres volumes : 

• Le Corbusier, mis en musique et chanté par Bernard Ascal.

• Senghor, Césaire, Damas chantés par Bernard Ascal

• 12 poètes francophones chantés par Bernard Ascal

 

 

Raoul Bellaïche

JE CHANTE MAGAZINE

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